« Désormais, les hommes travaillent au niveau des langages informatiques et des combinaisons artificielles : les langages même de la création. Et ils peuvent y déployer tous leurs talents poétiques. » (1)
Artiste professionnel depuis maintenant plus de 10 ans, consultant technologique en art, maître en art visuel et professionnel de recherche universitaire, Pierre Tremblay-Thériault s’intéresse à la création et à la recherche dans les domaines des arts visuels, sonores, scéniques et numériques. Sa pratique artistique ainsi que ses études lui permirent d’obtenir un diplôme de cycle supérieur et confirmèrent l’intérêt qu’il a pour la science, la recherche et la culture. Sa spécialité, les arts numériques, fait de lui un professionnel aux qualités multiples mariant l’ingénierie logiciel et électronique à l’expression artistique. Ayant développé une expertise dans la recherche et le développement de la culture et de la création, il souhaite préciser et approfondir ses connaissances en ingénierie logiciel et informatique pour progresser dans ses recherches créatives et faire avancer sa production artistique. Il croit fermement que les avancés fait lors de recherches créatives sont bénéfiques et permettront aussi le déploiement de nouvelles découvertes et techniques dans d’autres champs scientifiques.
« The tricks of today’s artists and hackers are the commercial tools of tomorrow. Perhaps more significantly, with the explosive growth of the internet, these sleights-of-hand are becoming incorporated into communications systems, and by implication, into our social fabric. Whether we intend it or not, we’re redesigning the ways that we experience the world and each other. » (2)
Il s’intéresse, aujourd’hui, plus précisément aux environnements virtuels pouvant être navigués et explorés. Lors de ses récentes expérimentations et réflexions, il a observé l’importance d’un élément particulier participant à la construction d’une virtualité réussie : l’ambiance. Plus précisément, il hypothétise qu’une ambiance est la construction et l’assemblage d’une multitude de choses incluant les sons, les objets, les lumières, les textures, l’architecture et une dramaturgie. Cet assemblage ne peut être complet sans la présence de spectateurs participants passivement ou activement à l’existence d’une ambiance. Croyant qu’une ambiance est une construction, il souhaite développer un projet où il pourra mettre à l’épreuve cette hypothèse. La ludologie, plus justement nommée Game Studies ou science du jeu, se consacre à l’étude des jeux, particulièrement celle des jeux vidéo. Ce domaine s’intéresse déjà à ces éléments dans le contexte qui lui est propre. C’est plutôt au sein des arts numérique et scénique qu’il désire étendre ses recherches sur le sujet. Il appréhende l’objet de sa recherche comme étant « […] une totalité organisée, faite d’éléments solidaires ne pouvant être définis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totalité. » (Saussure tel que cité par Durand, 1979, p.7) (3)
Concrètement, il souhaite construire un environnement tridimensionnel virtuel composé de modèles architecturaux, d’objets et de sons fortement influencé par une contrepartie physique et réel. L’objectif d’un tel environnement est de permettre sa visite par un spectateur qui pourra ainsi activer une ambiance. Le dévoilement de cette ambiance est un objectif majeur de ce projet. C’est en permettant au spectateur d’explorer et possiblement d’agir sur certains facteurs influençant son parcours qu’il sera possible d’observer l’émergence d’une possible ambiance. C’est en empruntant certaines technologies et concepts plus couramment utilisés dans les jeux vidéo qu’il compte en arriver à la création d’une dramaturgie propre à une scène virtuelle. En développant ses propres stratégies, il souhaite déployer un monde poétique alliant des éléments d’un environnement réel à une construction numérique et virtuelle.
Pierre Tremblay-Thériault
(1) FISCHER, Hervé (2005). Art et biotechnologie. Presses de l’Université du Québec. Les presses de l’Université St-Étienne. Sous la direction de Louise Poissant et Ernestine Daubner.
(2) ROCKEBY, David (1998). « The construction of Experience : Interface as Content » dans Digital Illusion : Entertaining the Future with High Technology. ACM Press.
(3) Durand, Durand, (1979). La systémique. Paris, Presses Universitaires de France.
Un théâtre performatif vidéo ; Leuleu est un projet sur la technologie et le ressenti qui vise les relations entre le corps de l’acteur et l’image vidéo projetée. À partir d’un texte-matière écrit par une femme au corps malade (atteinte de dystrophie musculaire), quatre femmes sur scène mènent leur corps jusqu’à l’épuisement. Elles exploreront la persistance, la résistance et l’endurance. Aussi, deux hommes, des corps, des présences sur scène, des manipules-acteurs rencontrent dans une relation d’écoute particulière (à la fois conflictuelle et complice) les quatre actrices-performeures. Entre théâtre et performance, leur corps en duo et en écoute avec l’image vidéo projetée, les quatre actrices-performeures traversent la thématique de l’échec. Ce projet exprime avec ludisme un rapport au corps et à la technologie de la projection vidéo. C’est dans la poursuite de recherches sur la présence de la vidéo projection au théâtre que l’idée de ce projet est venue. Le but est de sortir de l’instrumentalisation qu’on donne à la projection vidéo provenant de la machine et de lui donner un rôle de ressenti en lien avec le corps de l’acteur. Ne pas créer un effet sensationnaliste, mais plutôt un lien sensible à la technique.
Un récit fragmenté, à l’intérieur duquel le spectateur tient un rôle particulier. Le spectateur au centre de l’action n’est pas ignoré et participe par sa présence à l’action et est même sollicité. Aussi nous donnons la responsabilité du sens au spectateur en lui offrant des actions, des images, qu’il peut rassembler pour créer sa propre dramaturgie. Richard Schechner, théoricien de la performance, dit à ce sujet : « Le metteur en scène n’a pas pour rôle de proposer un «manifeste» cohérent. C’est au spectateur de trouver une cohérence.» (2007). C’est dans cette optique que nous construirons la ligne dramaturgique du spectacle, en laissant une place à la création du spectateur. Un travail sous forme de duo-solo où le spectateur aura parfois à faire un choix sur ce qu’il souhaite regarder. Amenant ainsi chaque spectateur à vivre une expérience particulière et différente.
ÉQUIPE
Direction de projet Andrée-Anne Giguère
Équipe de création / sur la scène
Andrée-Anne Giguère
Elaine Juteau
Anick Martel
Anne-Marie Ouellet
Pierre Tremblay-Thériault
Yves Whissell
Création des images
Pierre Tremblay-Thériault
Yves Whissell
Co-conception Éclairage
Andrée-Anne Giguère
Alexandre Nadeau
Direction de maîtrise d’Andrée-Anne Giguère
Jean-Paul Quéinnec
Constanza Camelo
Durée: 1h20